mercredi 14 novembre 2007

Ça c'est passé ici...

On parle souvent de la répression policière ailleurs, que la police ici est correcte, qu'on est loin des années 60 où les policiers étaient des anciens doormen... Je ne dirais pas que tout les policiers sont des enfoirés, des assoiffés de violence, des brutes, etc, etc. Non, je crois qu'une bonne partie des policiers, malgré leur comportement paternaliste, croient et veulent aider la population. Peut-être que je suis naïf, mais je fais une distinction entre le policier qui donne des tickets, celui qui travaille sur des crimes et celui de l'anti-émeute.

Celui qui a prit sa formation anti-émeute, il le fait pourquoi? J'ai un peu de misère à voir le côté "protection" dans l'anti-émeute... À quand remonte la dernière émeute au Québec? À la dernier Coupe Stanley? Il y a donc plus de 10 ans? Au feu de la St-Jean de Québec? Encore, il y environ 10 ans? Au sommet des Amérique de Québec de 2001? Sinon, bah, euh, des escarmouche avec des Punks. Bref, il me semble que "l'émeute" est une espèce en voie de disparition. Bref, j'ai l'impression que le flic de l'anti-émeute, c'est un flic qui recherche la baston. Depuis cet automne, il y a eu beaucoup de répressions policières, particulièrement contre le mouvement étudiant qui s'organise.

M'enfin, voici un récit d'une personne qui a été au bed-in organisé par l'association du cégep du Vieux-Montréal. La répression policière est subtile, l'anti-émeute provoque la foule, pour ainsi de suite légitimer la violence utilisée. Évidemment, on peut ce dire que les manifestant-e-s avaient juste à partir plus vite. Cependant, quand on a des idéaux, que l'action a été voté démocratiquement, qu'on veut faire valoir son point de vue, qu'on ne fait rien de mal, pourquoi on devrait partir? Bref, voici le récit:

Hier soir, mardi 13 novembre, les étudiantEs du Cégep du Vieux-Montréal n'avaient toujours pas réussi à s'entendre avec l'administration sur le Bed-in. Vers 19h30, les grévistes se sont assembléEs. Plusieurs délibérations ont eu lieu, et les étudiantEs ont décidé ensemble que l'occup aurait tout de même lieu

J'étais présente dans les environs de 9h. Environ 5 minutes après mon arrivée, 4 flics sont entrés et se sont enfermés avec Jean-Guy Tremblay, chef de la sécurité
GARDA au CVM: les flics signaient déjà les papiers permettant à l'escouade anti-émeute d'entrer dans le cégep. Il faut savoir que Stéphane Godbout, directeur du Service aux étudiants et normalement représentant de l'administration devant les étudiantEs, n'était pas là hier, préférant laisser le cégep aux mains des GARDA, remettant spécifiquement son pouvoir à Jean-Guy Tremblay, connu pour son attitude violente face aux étudiantEs. (Je l'ai moi-même vu ce soir-là, au début de la soirée, au moment ou les gens sortaient le matériel pour les barricades, rire aux éclat: « Je reconnais vos faces, j'ai hâte de vous retrouver en prison demain! »)

Pendant ce temps, les étudiantEs délibéraient. Une fois l'information propagée que les flics avaient déjà le droit d'entrer dans le cégep, une fois que les étudiantEs ont su que l'administration avait choisi de laisser le cégep aux mains des flics et s'en lavait les mains, la colère s'est fait sentir. Les gens savaient que peu importe ce qui arriverait, les paniers à salade les attendaient.

En mouvement spontané, les grévistes ont monté des barricades. La police, en intervention et en anti-émeute, faisait déjà des rondes, tactiques d'intimidations et de dispersions aux diverses entrées bloquées par les barricades.


La tension a été maintenue toute la soirée. Il n'y avait absolument aucun dialogue avec la police ou GARDA. Il faut savoir qu'en conseil de grève, dans l'élan rapide d'action, pas de stratégie commune n'a été adoptée avant de prendre le Cégep. Plusieurs personnes souhaitaient garder le Cégep en bed-in, alors que plusieurs
autres voulaient faire une occup, ce qui a créé une désorganisation difficile à régler. Il y avait des troupes à l'intérieur, d'autres aux sorties névralgiques et une bonne moitié des grévistes piquetaient à l'entrée principale. Il était donc difficile de savoir ce qui se passait, ou en était les flics et qu'est-ce que les troupes voulaient faire.

Une première confrontation relativement majeure a eu lieu vers minuit et quelques. Sur le côté Hôtel-de-Ville du Cégep, coin Sherbrooke, une partie des troupes a répondu à un avancement d'une bonne vingtaine d'anti-émeutes. Un affrontement a éclaté, des camarades ont été matraquéEs et poivréEs. Ils-elles se sont ensuite repliéEs en revenant vers l'entrée principale.


Suite à cette altercation, l'organisation ne s'est pas mieux solidifiée. Le climat était particulier, les gens étaient prêt-e-s à l'assaut mais n'arrivaient pas à s'entendre (pas d'engueulades, juste un manque de communication intense) sur la stratégie à adopter. Garder le Cégep, donc rester à l'intérieur et risquer la souricière, ou sortir en masse à l'extérieur, à l'entrée principale pour pouvoir sortir dans la rue et prendre la fuite si ça chauffait?

Vers 1h, l'anti-émeute s'est amenée, tranquillement, sur Ontario à l'Ouest de Sanguinet. Ils étaient environ une quarantaine et se sont postés en face du Vieux, dans la rue devant les barricades. Les gens à l'extérieur se sont immédiatement repliéEs sur le balcon principal. Quelques projectiles ont été lancés vers les cochons, la situation s'envenimait. [Jusqu'à ce moment, j'étais dans les troupes de l'entrée principale. C'est à partir ce moment que je suis sortie, mon récit sera donc d'un point de vue de l'extérieur des barricades.]

C'est à ce moment qu'on a compris que les grévistes étaient faits. L'anti-émeute était
en train de pénétrée à l'intérieur par d'autres sorties et les gens qui étaient restées dans les murs du Cégep se sont faits pourchasséEs. Un groupe a réussi à sortir, d'autres se sont fait prendre. L'impératif était donc de faire sortir les gens de la trappe. Les grévistes qui avaient réussi à sortir sont restéEs autour, rue Ontario à l'Est de Sanguinet pour encourager les troupes prises, faire chier la police, tenter des manoeuvres de diversion. Les flics réagissaient en nous poivrant une fois de temps en temps, cherchant à nous disperser, à nous faire fuir et à nous décourager de rester pour nos camarades. Les troupes ont fini par se resserrer en deux formations. Une s'est dirigée sur Sanguinet et l'autre est restée en avant du balcon.

C'est à partir de ce moment que tout ce que vous savez a commencé. À l'extérieur, nous essayions de créer une brèche qui aurait pu permettre aux troupes sur Sanguinet de faire un mur pour sortir. Quelques personnes pendant ces tentatives ont réussi à s'enfuir.

Mon récit observatif s'arrête ici. Se sont ensuivies des affrontements à répétition jusqu'aux petites heures du matin. Inutile de dire que la répression a été monstre. Baston, matraquage, teaser, poivre de cayenne. L'escouade d'intervention hier s'en est donnée à coeur joie. Il y a eu des vagues d'arrestations de masse. Pèsent des charges au criminel (voies de fait sur les policiers, agressions armées et méfaits) sur environ 102 de nos camarades.


Bon Loft Story! M'enfin, voici mon petit hommage à nos amis de l'anti-émeute.


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