mercredi 29 août 2007

La lektur cé full vraiman impoten! Tsé veux dirre, comme, genr

Probablement dans un élan désespéré, BET (Black Entertainment Television) a créé, Read a Book, un vidéo clip pour encourager les jeunes afro-américain-e-s à lire. La vidéo ressort tous les clichés de la culture afro-américaine. Évidemment, États-Unis oblige, il y a scandale autour de la chanson et du clip, notamment sur l’image négative de la communauté noire qui est véhiculée et, en plus, il y a des scènes osées. BET se défend d’être raciste, explique qu’il s’agit d’une satire et que le publique visé est les 18-30ans…



Personnellement, je ne sais pas trop… Autant c’est bien de vouloir toucher les jeunes avec leur culture, mais, hum, autant, je trouve le geste comme un coup d’épée dans l’eau. Je n’imagine pas trop le mec qui n’a jamais lu un livre et tout juste une boite de céréale décider du jour au lendemain de lire parce qu’il a vu Read a book. Je n’ai rien contre les publicités de sensibilisation, bien au contraire, mais aux Yuèsés il faut plus qu’une chanson avec des ti-bonhommes pour changer les mentalités. Il y a une culture anti-intellectuelle forte chez nos voisin-e-s et le système d’éducation publique souffre de sous financement. Je ne crois donc pas que c’est à coup de clip cool et jeune que tout ça va changer.

M’enfin, admettons que ça marche, qu’effectivement *pouf!*: engouement pour la lecture. Qu’est-ce que le ou la jeune va faire? Direction bibliothèque? D’accord, mais les bibliothèques des écoles sont assez bof, bof. Alors, bibliothèque publique? Si l’ado a de la chance et bien sa bibliothèque est subventionnée par un ou plusieurs mécènes, sinon, bah, just too bad! C’est ça les I-Ou-È-Cé : gros clivage entre les classes sociales. En fait, je ne sais pas si je suis claire, le problème que je vois c’est qu’il y a une publicité pour un produit, mais le produit n’est pas disponible ou de mauvaise qualité, alors ça sert à quoi de faire de la publicité? À pas grand-chose!

C’est un problème de fond, on ne peut pas l’attaquer de façon si superficielle. Il faut changer cette mentalité de redneck où il faut se méfier de tout ce qui est intello et soutenir adéquatement le milieu du livre (maisons éditions, bibliothèque, écrivain-e-s…). M’enfin, en même temps, la question est un peu soulevée dans Read a book, mais lire pour lire, est-ce vraiment bon? Si l’industrie du livre devient comme l’industrie de la musique, est-ce vraiment pour le mieux? On va nous fourguer des camions de livres pour gneu-gneu, les écrivain-e-s seront traité-e-s comme des rockstars… Attention, je ne prône pas un élitisme littéraire, seulement, je me question sur l’espèce d’aura sacrée entourant la lecture. Je ne suis pas un partisan du « Tant que mon enfant lit, ça me va! », sans mettre des valeurs précises aux livres et aux auteurs, je crois que personne ne niera qu’il y ait des livres plus profonds que d’autres. Est-ce qu’il faut être fier de quelqu’un-e qui lit une centaine de livres par année, mais que ce sont tous des livres à l’eau de rose et que la personne en retire absolument rien? Devrait-on critiquer une personne qui a lu une dizaine de livres dans sa vie, mais c’était des livres de Flaubert, Balzac, Zola, et Voltaire. Pour moi, ce qui est important dans la lecture, c’est ce qu’on en retire, lire pour lire, comme certains collectionnent les vins parce que c’est bien vue, est pour moi inutile. Bien sûr, la lecture peut être divertissante, mais ne doit jamais être vide de sens. Bref, un peu comme dirait le lait : lire c’est bien, lire et en retirer quelque chose c’est mieux!

Merci Rémi

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